“Sans déconner, on dirait Kinshasa”
Cette phrase, balancée “à la marseillaise” par un habitant peut prêter envie de sourire…
Si seulement ça ne correspondait pas à la réalité.
Si les mots dépassent la pensée, comme souvent à Marseille, reste que le quartier a piteuse allure.
Quel quartier ?
Celui des Crottes et de Bougainville situé à la frontière du centre-ville et du Nord de Marseille.
Une frontière entre deux quartiers, entre deux mondes plutôt.
Ces lieux cristallisent aujourd’hui la plupart des problèmes qui frappent les moins bien lotis, à une échelle démesurée : mal-logement, pauvreté, manque d’infrastructures, insécurité, insalubrité, absence de service public…
Le contraste entre ces quartiers laissés à l’abandon au profit des nouvelles constructions du projet Euromediterranée, le plus grand chantier d’aménagement d’Europe est ahurissant.
Ces travaux servent en revanche de formidables terrains de jeux pour les enfants du quartier sortis de nulle part.
Ces photos ont été prises en juillet 2012, six mois avant le lancement de “Marseille, Capitale Européenne de la culture 2013”.
Le quartier est un ancien haut lieu industriel de la ville, les fonderies et chaudronneries ont fermé leurs portes il y a longtemps déjà.
Ce que la ville ne fait pas ou plus, les jeunes le font. Un terrain vague fermé au public est transformé en terrain de foot. Barrières et grillages trouvés ici et là font offices de cage.
Plusieurs familles Roms occupent les nombreux bâtiments abandonnés par leur propriétaire.
Si les grandes tours, les centres commerciaux et les bureaux ont bien poussé, les emplois, eux se font toujours attendre pour les habitants.
Cadavres de poubelles calcinées, insalubrité, routes et trottoirs défoncés, l’entretien du quartier par la ville semble abandonné.
Ici, pas de stade de foot ni même de centre social ou de CIQ (Centre d’Intérêt de Quartier).
Le plus emblématique chantier, la tour CMA-CGM, flambant neuve, surplombe la ville et nargue cet endroit fait d’anciennes usines et de bâtiments condamnés.
Les habitants vivent leur quotidien malgré la désertion des services de la ville.
Par endroit, on se croirait revenu au début du siècle dernier.
En 2006, (date des derniers chiffres publiés par quartier) le taux de chômage atteignait 44% dans le quartier des Crottes, le plus élevé de l’arrondissement selon l’INSEE, l’Institut National des Statistiques et des Études Économiques.
À titre de comparaison, le taux de chômage du département des Bouches-du-Rhône (où se trouve Marseille) était de 11,1%.
A deux pas de là, la Joliette, le district d’affaires marseillais arbore fièrement ses immenses bureaux.
Les nombreux travaux qui entourent le quartier renforcent un peu plus la ghettoïsation de l’endroit.
Le projet de développement économique et de rénovation, Euromediterranée veut transformer les Crottes en une “cité verte”.
Le futur projet envisage de créer 14 000 logements (soit 30 000 habitants) et 500 000 m2 de bureaux (soit 20 000 emplois).
Crédits : Textes et Photos - Marius Rivière. Remerciements : Margaux Palvini pour son aide précieuse et sa bonne humeur.
Pas étonnant!
Combien d’autres ont payé de leur qualité de vie pour permettre aux villes d’attirer l’argent des riches.
Rappellons-nous des Jeux Olympiques de Sotchi et tous les pauvres gens »effacés » du site !