« Il s’agit de briser l’isolement des gens. Pour certains d’entre eux, la cuisine collective est leur seule sortie du mois. »
Apprendre à bien cuisiner à prix abordable pour longtemps et préparer des repas en groupe pour partager les coûts, voilà l’essentiel de la mission des cuisines collectives.
Valérie Duval en sait quelque chose. Elle anime avec passion ses séances de cuisine collective au SESAME depuis 2015 : « Pour moi, les cuisines collectives ce sont aussi des cuisines éducatives. Il s’agit d’introduire de nouveaux aliments dans les repas préparés et de démystifier certains points. Par exemple, on peut utiliser une poire même si elle est un peu gâtée. »
Il y a une règle d’or au Service d’éducation et de sécurité alimentaire de Mercier-Est :
« Ce sont les participants qui choisissent ce qu’ils veulent manger. J’ai pour objectif que le groupe se prenne en charge de A à Z, nous confie Valérie. Nous ne calculons pas la durée de leur formation en cuisine. Il s’agit de favoriser l’autonomie du groupe, idéalement en un an. »
Les participants des séances de cuisine collective viennent pour toutes sortes de raisons, souvent urgentes :
« Il y a une différence entre une personne qui a toujours cuisiné et un homme qui n’a jamais fait la cuisine et dont l’épouse tombe malade. Il n’a pas le choix s’il ne veut pas manger des rôties tous les jours. »
« Une des inquiétudes du groupe, ce sont les sous. Je leur fais comprendre qu’ils peuvent faire une cuisine tout à fait délicieuse, pour pas cher, explique Valérie. On leur apprend à faire la cuisine en fonction des spéciaux de la semaine dans les supermarchés. Je les préviens que si le plat contient de la viande, ça coûtera plus. La viande est maintenant hors de prix. »
« En alimentation, on entend tout et n’importe quoi. Je trouve important de répondre à des questions et de calmer des inquiétudes. »
« Par défaut, ce sont des gens à faible revenu qui viennent aux séances de cuisine collective, mais pas nécessairement à très faible revenu. Nous avons des chefs de famille monoparentale, des personnes qui travaillent à temps partiel ou des gens qui prennent leur retraite et qui font face à une baisse de revenus. »
Chaque personne demande en général huit portions. Les participants décident qui achète quoi, et on décide de ce qu’on préparera. On présente notre facture à Valérie, qui rembourse ou demande un dû selon le coût unitaire du repas. Aujourd’hui, c’était 1,24 $!
« Attention, le fourneau est chaud quand on l’ouvre! » On suit les règles de sécurité, on apprend même le bon fonctionnement du lave-vaisselle.
Aujourd’hui, la moisson est abondante : il y a assez de portions pour toutes les participantes! Les deux Nicole, Lise, Madeleine la retraitée, et Chantal la jeune maman, repartent chez elles avec assez de repas pour tenir une semaine. Pour beaucoup d’entre elles, les repas cuisinés sont les seuls qu’elles mangent pendant le mois.
Depuis un an, Nathalie Taylor participe à ces séances.
Elle avait une idée préconçue des cuisines collectives : « J’ai souvent pensé qu’elles visaient les personnes à faible revenu. Non, en fait, c’est pour tout le monde. »
« On avait souvent tendance à refaire les mêmes repas », dit Nathalie.
La famille de Nathalie Taylor a diminué le sucre depuis qu’elle suit des séances de cuisine collective. Son conjoint Benoit dit que le sel ne fait plus partie de leur alimentation. Son fils de 17 ans, Jérémie, apprécie que les menus soient maintenant plus variés à la maison.
Son conjoint et elle travaillent les fins de semaine.
« Il m’arrive d’avoir quatre jours de congé de suite. Je me suis alors dit que c’était le temps d’apprendre. »
C’est ce qu’on appelle de la prise en charge. Bravo! Continuez dans cette voie. Fernand