Margaux: elle-même à temps plein

Elle veut être libre. Libre d’être elle-même. Margaux, c’est cette jeune française de 28 ans expatriée à Montréal depuis bientôt 3 ans. Originaire de Montpellier, du sud de la France, elle mène une vie à toute allure entre études, travail et loisirs.

Sa recherche d’affirmation de soi s’incarne dans chacune des facettes de sa personnalité, jusqu’à l’avoir encré dans sa peau. Margaux, c’est cette fille qui comme 100 000 expatriés vivant à Montréal a fait le choix d’une vie à l’étranger pour le meilleur et pour le pire.

10H – ÉTUDES ET PORNOGRAPHIE

Sa présence au Québec, elle la justifie seulement par le fait qu’elle avait envie, simplement. Montréal s’est imposé à elle de façon presque hasardeuse. Non sans regret, elle a quitté la France pour son avenir professionnel, un choix qu’elle assume à plein temps. En maîtrise de sociologie à l’UQAM, elle rédige actuellement son mémoire. Tous les matins, elle se réveille à 8h et entame un rituel journalier bien chronométré.

Pourquoi le Québec?

Margaux, c’est cette fille qui voit de l’art quand deux corps nus se rencontrent sous les caméras pour le bonheur des plaisirs solitaires. Son projet de mémoire :  » les vidéos pornographiques hardcores comme médium pour les arts performatifs : étude sur la représentation de la transgression via une approche bataillienne  » suscite en elle un intérêt naturel.

Pourquoi le porno?

13H – À CORPS TATOUÉ

À 18 ans, Margaux arborait son premier tatouage, transgressant la volonté de ses parents. Depuis, le tatouage a été pour elle un moyen d’expression de soi, mais aussi d’expression artistique. Elle considère ainsi son corps comme moyen d’expression de son être intérieur. Si bien qu’elle ne supporterait pas de retrouver un corps vierge. Le tatouage fait partie intégrante de ce qu’elle est et de l’image qu’elle souhaite montrer. En France, cette liberté d’expression corporelle lui semble bafouée.

Pour Margaux, le tatouage en lui-même n’a pas forcément de signification qui lui est propre. Elle le considère davantage comme un acte artistique que narcissique. C’est cette expression artistique, ce travail d’artiste, qu’elle souhaite incarner.

Et pourtant ce jour là Margaux se fait tatouer la carte de tarot l’étoile, censée la représenter depuis qu’on lui a tiré les cartes. Bien que représentative d’une certaine idée qu’elle se fait d’elle-même, elle n’est pas intervenue dans le dessin qu’elle se fait tatouer. C’est ce respect et cette liberté donnée à l’artiste qu’elle souhaite préserver.

La douleur. Cette sensation intense, à chaque fois que l’aiguille transperce sa peau pour y laisser ses gouttes d’encres. Au départ, elle supportait la douleur de l’aiguille. Désormais, elle la subit. Obligée de recourir aux antidouleurs, ce n’est rien à côté d’une tatoueuse voisine, témoignant qu’elle s’est déjà procuré de puissants analgésiques pour supporter une séance.

L’art et la volonté d’émancipation associée au tatouage se paient au prix fort. Selon Margaux, « plus l’on se fait tatouer, moins l’on supporte la douleur ». Et pourtant, au nom de sa liberté, elle est prête à souffrir pour être « elle ».

16H – DERRIÈRE LE BAR

Couper des oranges, faire un café, préparer un cocktail. Et répéter ces gestes des dizaines de fois dans la soirée, plusieurs fois par semaine.

Margaux n’a jamais le temps de faire les courses ni même de se préparer à manger. Elle prend ses repas sur le pouce, et ne ralentit jamais la cadence. Quand la journée d’un individu lambda se termine, la sienne repart de plus belle derrière le bar d’un restaurant du Plateau Mont-Royal. Seconde de bar, superviseure en l’absence de sa gérante, elle considère qu’en France on ne lui aurait jamais offert ce poste.

C’est le prix de son  » indépendance « .